◼ La maladie
L’hallux rigidus se définit comme l’arthrose de l’articulation métatarso-phalangienne du gros orteil. Il s’agit donc d’une usure de l’articulation, caractérisée par une disparition progressive du cartilage articulaire, responsable d’une douleur et d’une raideur variables.
Contrairement à l’hallux valgus, on retrouve plutôt une prédominance masculine, surtout autour de 50 ans.
Ce qui caractérise l’hallux rigidus est surtout la limitation de son secteur de mobilité, parfois encore présent vers la bas d’où le terme également « d’hallux flexus ». Quand on « force » sur l’articulation, elle devient douloureuse, ce qui signe l’arthrose de cette articulation. La douleur se présente surtout lors de marche, au moment où le gros orteil se rigidifie lors de la phase de poussée lors de la marche. L’examen clinique montre une réduction de la mobilité, la présence d’excroissances osseuses (« ostéophytes ») dans la partie supérieure et sur les côtés de l’articulation. Cette tuméfaction irrite parfois les nerfs autour de l’articulation, ce qui aggrave la douleur lors des mouvements.… La majorité des patients se plaignent de « raideur de mise en route » et d’une douleur mécanique qui s’aggrave en augmentant l’activité durant la journée.
Le diagnostic est principalement clinique. Une radiographie confirme le diagnostic et permet de planifier au mieux une éventuelle intervention. Elle permet de classifier l’importance de l’arthrose.
◼ Les traitements possibles
Au stade initial, le traitement médical est de mise. Il comporte un traitement symptomatique (anti-inflammatoires) associé à des mesures « mécaniques » : chaussures larges et plates (pour éviter les contraintes articulaires, limiter le conflit dorsal au chaussage), voire semelles avec une barre de roulement antérieur (pour faciliter le déroulé du pas).
Si la douleur persiste, diverses interventions sont possibles, dépendantes du degré d’arthrose, de la longueur de l’os métatarsien, du degré de mobilité, d’un métatarsus élevatus, de l’âge, des activités, … Une combinaison de diverses interventions est possible et ces interventions ont en commun la résection plus ou moins large de l’exostose.
• Le terme de « cheilectomie » correspond à l’ablation de l’excès osseux, c’est-à-dire la résection des « ostéophytes », et en général on enlève le tiers dorsal de la tête métatarsienne. Il s’agit d’une intervention simple qui n’interdit pas d’autres interventions secondaires. Elle est souvent suffisante pour de nombreuses années.
• Une ostéotomie, au niveau de la phalange ou du métatarsien dans le but de réduire la pression dans l’articulation peut être proposée et permet d’améliorer parfois la mobilité.
• Si l’arthrose est sévère, les interventions antérieures ont peu de chance de succès. On proposera alors le blocage articulaire par arthrodèse ou la mobilisation par une prothèse métatarso- phalangienne. Les avantages de l’arthrodèse sont sa fiabilité et son caractère définitifs (pas de révision secondaire). En principe, suite à l’arthrodèse, vous ne ressentirez aucune limitation dans vos activités quotidiennes ou sportives. L’ arthrodèse reste le traitement de référence dans l’ arthrose du gros orteil.
• La prothèse n’est pas envisageable pour chacun et dépend de votre type d’arthrose. De plus, une prothèse n’a pas plus de dix ans de survie, après quoi une nouvelle intervention sera nécessaire souvent par une arthrodèse plus difficile.
Quelque que soit la technique retenue en collaboration avec votre chirurgien, un bilan préopératoire est réalisé comportant un bilan sanguin, la recherche d’un diabète (pouvant entrainer des soucis cicatriciels), une visite auprès d’un anesthésiste. Il vous serra proposer de ralentir, voire d’arrêter votre consommation tabagique au moins les quelques semaines précédents l’intervention. Les risques classiques d’une intervention doivent vous être exposés : phlébite et embolie, retard cicatriciel, infection, …
L’intervention se déroule généralement sous anesthésie locorégionale (seule le bas de votre jambe est endormie).
◼ L’intervention
Exemple de l'arthrodèse du gros orteil (Intervention de référence)
Après ouverture cutanée, les surfaces articulaires sont réséquées (enlevées) selon une angulation variable si vous êtes un homme ou une femme. Le chaussage avec un talon est en général plus haut chez la femme, l’interrogatoire préopératoire a permis de discuter avec vous de vos habitudes de chaussage. N’oubliez pas que cette fusion est définitive et qu’elle doit donc s’adapter au mieux au type de chaussure que vous portez.
Une fois les surfaces réséquées, les deux extrémités sont fixées l’une à l’autre selon les habitudes de votre chirurgien et votre qualité osseuse (plaque, vis, agrafes). La plaque vissée reste le système le plus rigide et le plus stable pourvoyeur du meilleur taux de fusion.
L’incision cutanée est fermée et un pansement mis en place.
L’ appui immédiat complet est autorisé dès le lendemain de l’ intervention avec une chaussure post-opératoire.
◼ Suites post-opératoires et surveillance